Opération Serengeti : unir 19 pays africains contre la cybercriminalité

Operation Serengeti: Uniting 19 African Nations Against Cybercrime

Martin Kouyoumdjian |

Opération Serengeti : un effort coordonné à travers l’Afrique

L’opération Serengeti est une initiative de grande envergure menée du 2 septembre au 31 octobre 2024, visant à lutter contre la cybercriminalité dans 19 pays africains. Cette opération a constitué une réponse vigoureuse aux cybermenaces croissantes dans la région, soulignant l’efficacité de la collaboration multinationale dans la lutte contre les problèmes de criminalité mondiale.

Portée et arrestations généralisées

L’opération a concerné un ensemble de pays très divers, de l’Algérie à l’Angola en passant par la Zambie et le Zimbabwe, couvrant une partie importante du continent africain. Cette portée géographique était essentielle pour s’attaquer à la nature transnationale des réseaux de cybercriminalité. Au cours de l’opération, pas moins de 1 006 suspects ont été appréhendés, ce qui a porté un coup dur aux activités de cybercriminalité dans ces régions.

Les criminels ciblés par l’opération Serengeti étaient impliqués dans une série d’infractions informatiques, notamment des ransomwares, des compromissions de courrier électronique professionnel (BEC), des extorsions numériques et des escroqueries en ligne. En s’attaquant à ces diverses cybermenaces, l’opération a souligné l’importance des stratégies adaptatives des forces de l’ordre pour faire face aux défis multiformes de la cybersécurité.

Impact financier et démantèlement des réseaux

Les efforts d'Interpol ont également permis de découvrir un nombre alarmant de plus de 35 000 victimes dans le monde, avec des pertes financières estimées à près de 193 millions de dollars. Ces chiffres reflètent l'impact économique considérable de la cybercriminalité sur les particuliers et les entreprises. En outre, les autorités ont pu démanteler 134 089 infrastructures et réseaux malveillants, ce qui a considérablement perturbé les opérations criminelles.

Les partenaires du secteur privé, tels que les fournisseurs d’accès Internet et les sociétés de cybersécurité telles que Group-IB et Kaspersky, ont joué un rôle essentiel dans le succès de cette opération. Leurs contributions, allant du partage de renseignements au soutien aux analyses et aux activités opérationnelles, ont été déterminantes pour atteindre ces objectifs.

Études de cas et perspectives d'avenir

L’opération a permis de résoudre des affaires importantes, notamment une fraude à la carte de crédit en ligne au Kenya, qui a entraîné des pertes de 8,6 millions de dollars, et une escroquerie en ligne de type Ponzi au Sénégal, qui a coûté 6 millions de dollars. D’autres affaires, notamment un casino virtuel en Angola et une escroquerie de marketing à paliers multiples au Cameroun, soulignent la nature diversifiée des cybercrimes ciblés.

Le financement de l’opération Serengeti a été généreusement assuré par des organismes internationaux tels que le ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement, le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères et le Conseil de l’Europe. À l’avenir, AFRIPOL et INTERPOL continueront de se concentrer sur les menaces émergentes telles que les logiciels malveillants basés sur l’intelligence artificielle et les techniques de cyberattaque sophistiquées. Cette opération a également réitéré le pouvoir de la coopération internationale, montrant comment les efforts cohérents entre INTERPOL, AFRIPOL et les organismes locaux chargés de l’application de la loi peuvent conduire à des avancées significatives dans la lutte contre la cybercriminalité.